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Au Tchad, la presse privée observe une journée sans information

Les médias privés au Tchad ont décidé d’observer samedi 19 mars, « une journée sans presse » pour exprimer leur mécontentement suite à leur absence au pré-dialogue entre le gouvernement de transition et les politico-militaires, à Doha au Qatar. Cette décision a été prise le jeudi 17 mars, d’un commun accord, entre les représentants des médias privés, à savoir : l’Union des journalistes tchadiens (UJT), l’Association de presse privée au Tchad (AEPT) et l’Union des radios privées du Tchad (URPT).

Les représentants des médias privés lors d'un point de presse.
Les représentants des médias privés lors d’un point de presse.

Pourquoi une journée sans presse ? Qu’est ce qui s’est réellement passée ?

En effet, après la mort du défunt président Idriss Deby, le 20 avril 2020, des suites, soi-disant, de blessures reçues alors qu’il commandait son armée dans des combats contre des rebelles dans le Nord du pays, un Conseil militaire de transition (CMT) composé de plusieurs généraux, dirigé par son fils, Mahamat Idriss Deby, remplace le Président décédé, pour une durée de 18 mois renouvelable.

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Après les obsèques officielles du président, ce Conseil militaire a mis en place un gouvernement avec un 1er ministre civil et un conseil national de transition qui doit jouer un peu le rôle de l’assemblée nationale dissoute.

Au sein du gouvernement de transition, un nouveau ministère très crucial pour la vie du pays a été créé, c’est celui de la réconciliation nationale et du dialogue, dirigé par Acheikh Ibni Oumar, un ancien opposant accusé de complot et qui est rentré au pays après vingt-cinq ans (25) d’exil.

Avec la naissance dudit ministère, les autorités de transition espèrent le retour à la case départ de tous les opposants, exilés politiques, activités et leaders d’opinion d’où qu’ils se trouvent.

Ainsi, un comité technique spécial a été composé par un décret signé par le président du conseil de transition, Mahamat Idriss Deby dans le but d’engager des consultations avec les groupes politico-militaires. Plusieurs rencontres ont lieu notamment à Paris et au Caire avec des représentants des groupes rebelles d’opposition. Il faut mentionner que ces consultations ont pour but d’amener ces groupes rebelles à participer au futur dialogue national qui doit en quelque sorte unir les tchadiens et mettre un terme aux différentes guerres fratricides depuis les indépendances.

A l’issu de ces discussions préliminaires, plusieurs mouvements rebelles ont accepté de prendre part au futur dialogue en posant bien sur quelques conditions, à savoir :

  • L’amnistie générale pour les politico-militaires condamnés,
  • La restitution des biens confisqués ;
  • La libération des prisonniers politiques,
  • Un cessez-le-feu pour permettre la sérénité des débats futurs.
  • La tenue d’un pré-dialogue dans un pays neutre…

A cet effet, le comité a décidé d’organiser un pré-dialogue entre le gouvernement tchadien et 52 groupes politico-militaires à Doha au Qatar. Les travaux de ce pré-dialogue ont eu lieu ce dimanche 13 mars, par le premier ministre tchadien.

Le pré-dialogue est ouvert sans la presse privée tchadienne

En raison de leur non-participation à ces assises, les médias privés pour exprimer leur « ras bol » ont décidé de décréter une journée sans presse. Cette décision concerne toutes les radios privées, les journaux, la presse électronique ainsi que les chaînes de télévision privées sur toute l’étendue du territoire.

Les responsables des médias privés expliquent que cette exclusion « ne doit pas se passer comme lettre à la poste et que si les autorités de la transition continuent à négliger la presse privée, d’autres actions d’envergures seront menées » préviennent-ils.

Photo capture : Le site du journal électronique Alwihda Infos. Aucune information.

Face à cette situation, une rencontre a eu lieu entre le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement et les responsables des médias qui se sont regroupés au sein d’un collectif. Lors de la rencontre, le ministre a déclaré ceci: « Cette affaire me dépasse ». 

D’après ses explications, son département ne dispose des moyens pour faire déplacer les médias privés à Doha, mais il a promis de saisir le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Deby, pour que la presse privée puisse prendre part, au moins, à la clôture du pré-dialogue.

La presse privée tchadienne, longtemps marginalisée

La presse privée est un outil de développement par excellence. Elle contribue au renforcement de la démocratie et défend les valeurs universelles telles que : La liberté, les droits de l’homme, l’unité… Aujourd’hui, grâce aux grilles de programmes et nouvelles qu’offrent ces médias privés, ils impactent la société dans toute sa diversité.

De mon de mon point de vue étant journaliste reporter d’images, je peux affirmer que les journalistes des médias privés sont très souvent victimes de traitement inhumain, et cela s’explique par plusieurs faits, notamment l’exclusion des journalistes de la presse électronique dans certains événements.  

La presse privée joue aussi un rôle de service public. Empruntant la logique déontologique, elle est aussi indépendante et les informations publiées sont cohérentes et soucieuses d’exactitude et de véracité. Il est donc temps d’en sortir de cette situation déplorable et doit absolument passer à travers une lutte. 

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Auteur·e

leblogdemousse

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