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Afrique : répression persistante des journalistes, un recul démocratique terrible

La liberté de la presse fait partie des principes fondamentaux des systèmes démocratiques qui repose sur la liberté d’expression et d’opinion, reconnue dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. Cette liberté permet en réalité aux journalistes d’exercer leur métier en ayant accès aux sources d’information, de mener parfois des investigations et aussi d’enquêter sur de sujets importants dans le but d’informer le public sur ce qui se passe réellement.

Mais est-ce que c’est le cas en Afrique ?

Pour répondre à cette question, je vais juste me focaliser sur trois exemples qui prouvent que la liberté de la presse en Afrique reste encore dans état fragile et dans certains pays ce n’est qu’une chimère. La méthode connue pour éliminer les journalistes, c’est la disparition forcée ou souvent dans de circonstances extrêmement floues.

Crédit photo : Iwaria

Si je prends seulement les statistiques données par Reporters sans Frontières (RSF) chaque année, je risque de piétiner la règle de rédaction d’un billet de blog, c’est pourquoi je vais me focaliser sur la situation de trois pays à savoir : le Cameroun, le Tchad et le Sénégal.

Le Tchad, parlons-en

Connu pour sa réputation sécuritaire négative, le Tchad, ce pays d’Afrique centrale n’a pas suivi malheureusement le rythme de l’évolution en matière de la liberté d’expression. Dans ce pays, les journalistes et les collaborateurs des médias font face à de menaces de morts et d’arrestations.

Le 20 octobre 2022 lors de la manifestation organisée par quelques partis de l’opposition et mouvements de la société civile est interdite par les autorités en place, le jeune brillant journaliste talentueux Narcisse Oredjé de la Radio CEFOD qui a fini ses études à L’EST Lille a été fauché par une balle dans son domicile au quartier Chagoua. Aux environs de 8h, ses confrères et consœurs ont appris la triste nouvelle.

Le 20 octobre 2022 lors de la manifestation organisée par quelques partis de l'opposition et mouvements de la société civile est interdite par les autorités en place, le jeune brillant  journaliste talentueux Narcisse Oredjé de la radio CFOD qui a finit ses études à L'EST Lille a été fauché par une balle dans son domicile au quartier Chagoua. Aux environs de 8h, ses confrères et consœurs ont appris la triste nouvelle.
Lors des obsèques du défunt journaliste, Narcisse.
Crédit photo : Tribuneecos.com

► À lire aussi : La Directrice générale demande une enquête sur la mort du journaliste Orédjé Narcisse au Tchad

Depuis le 20 octobre 2022 jusqu’à aujourd’hui, aucune enquête pour situer les responsabilités et traduire les auteurs en justice. De l’autre côté, l’on note également le silence des organisations censées défendre les journalistes.

Quelques jours après ces événements, plusieurs journalistes ont été arrêtés et torturés dont Jules Daniel, journaliste et Directeur de Publication du journal Le Libérateur. Aussi, il y avait Teyané Bertrand Sortho, rédacteur en Chef du journal Tribuneinfos.com dont les militaires armés avec plus de 6 véhicules sont venus l’agresser à domicile en sautant par le mur et forcer le portail et les portes. Il a été sauvagement tabassé et torturé sans poser même une seule question avant de continuer.

► À lire aussi : Au Tchad, la presse privée observe une journée sans information

Récemment, le 31 janvier 2023, le directeur de publication du journal Abba Garde, Moussaye Avenir De La Tchiré est placé en garde à vue depuis plusieurs jours sans aucune notification de plainte. Le concerné lui-même avait annoncé son arrestation via sa page Facebook en indiquant « qu’il n’a pas été notifié par plainte ». Même son avocat avait affirmé que pour avoir l’accès de discuter avec son client n’a pas été facile.

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Plusieurs autres cas similaires ont eu lieu au Tchad.

Il faut rappeler qu’en 2022, ce pays est classé 104e au rang du classement sur la liberté de la presse.

Le Cameroun, de mal en pis !

En tant que journaliste et vérificateur des faits, j’ai beaucoup échangé avec de confrères journalistes résidant au Cameroun et à chaque fois j’ai de la peine à croire certaines choses.

Comment est-ce qu’on peut traiter ceux qui aident sur la visibilité quand ça ne nous arrange pas ?

Le 22 janvier 2023 à Soa, une banlieue de la capitale Yaoundé, le corps du célèbre journaliste et directeur de la radio privée Amplitude Martinez Zogo a été retrouvé dans un état de décomposition. Plusieurs sites d’information camerounais ont affirmé que ce dernier aurait subi de graves tortures. La barbarie humaine en Afrique !

► À lire aussi : Cameroun : la mort de Martinez Zogo ne doit pas rester impunie

En tuant ces personnes dans l’exercice de leur métier, que pensent ces criminels de familles, collègues et auditeurs de ce journaliste ? Le gouvernement camerounais avait condamné et a promis une enquête, mais jusqu’à quand ?

Il faut souligner que le Cameroun est classé 118e au plan mondial en matière de liberté de la presse, selon Reportes sans Frontières.

Le troisième pour ne dire le dernier cas du Sénégal

Je n’arrive pas à croire que le Sénégal allait se rabaisser à un niveau très bas de répression aux journalistes. Ce pays servait toujours un modèle de liberté et de démocratie en Afrique, mais là les choses sont en train de prendre une autre allure surtout en touchant aux journalistes.

Le 06 novembre 2022, le journaliste Pape Alé Niang a été injustement arrêté, relâché puis renvoyé en prison le 20 décembre. Durant son incarcération, ce journaliste connu par les Sénégalais a été affaibli par une grève de faim avant d’être transféré à l’hôpital de Dakar. Cette situation a suscité plusieurs réactions des journalistes Sénégalais qui ont montré leur solidarité envers leur confrère.

► À lire aussi : RSF se félicite de la remise en liberté provisoire du journaliste sénégalais Pape Alé Niang

Une centaine de journalistes avait participé à une marche à Dakar, vendredi 18 novembre 2022, pour réclamer la libération de leur confrère Pape Alé Niang. © Charlotte Idrac/RFI

Le 10 janvier 2023, Pape Alé est remis en « liberté provisoire » afin de bénéficier de traitements médicaux. En 2022, le pays est classé 3ème rang sur un total de 180 pays, soit un recul de 24 points.

Voilà ce que subissent réellement les journalistes en Afrique face à des dirigeants qui ne respectent pas les engagements internationaux signés. Il est temps que cela s’arrête !

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leblogdemousse

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