Crédit: Moussé Tahir

Inondations au Tchad : la ville de N’Djamena sera-t-elle épargnée cette année ?

Les inondations représentent plus d’un quart des grandes catastrophes naturelles dans le monde en général et le continent africain en particulier. Ces inondations touchent toutes les régions du globe, en passant par les zones tropicales où le nombre de victimes est le plus élevé causant le plus de dégâts sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance.

Pour le cas particulier du Tchad, pays d’Afrique centrale, il y a deux saisons : une saison des pluies (entre mai et octobre au sud, juin et octobre au centre et variable entre juin et septembre au nord) une saison sèche et « froide » à partir d’octobre-novembre.

Les inondations sont un problème très récurrent non seulement au Tchad mais dans toute l’Afrique.

Chaque année, durant la saison pluvieuse, les habitants de la capitale N’Djamena font face aux inondations, obligeant parfois ces derniers à se déplacer dans d’autres zones. Les citoyens vivent ces moments difficiles sous le silence incrédule des autorités.

Aperçu sur les inondations de 2020 et 2021

Tout d’abord, il faut mentionner qu’au cours de l’année de 2020, la saison pluvieuse était marquée par des fortes précipitations sur l’espace Sahel et sur la plus grande partie du territoire tchadien. C’est pour dire qu’il pleuvait en abondance. De ce fait, environ 20 provinces sur 23 ont été touchées par le phénomène d’inondations, notamment les provinces du sud, du centre et de l’est.

Archives. Une du quartier Walia inondé par les eaux. Crédit photo : Moussé Tahir

Sur la base des statistiques données par les autorités tchadiennes et les organismes humanitaires, au moins 64 670 ménages (soit 388 000 personnes) ont été touchés par les inondations de 2020. A découvrir dans la cartographie conçue par le mondoblogueur tchadien Sayba.

Quelles conséquences ?

Ces inondations ont provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes ainsi que la perte des stocks de nourriture.

Aussi, des centaines de milliers d’hectares de terre cultivée ont été détruits, des milliers de têtes de bétail ont été emportées par les eaux, et les stocks des commerçants des marchés inondés ont été affectés et dans certaines parties la perte en vies humaines.

N’Djamena, pas du tout épargnée par les inondations

Dans toute histoire, N’Djamena a également eu sa dose des inondations et qui semble être plus catastrophique que les autres provinces citées au-dessus.

En raison des fortes pluies d’août et de septembre, environ 32 000 personnes (soit 5 812 ménages) ont été considérablement touchées par les inondations.

De personnes fuient les inondations. Crédit photo : Moussé Tahir

Quelles conséquences ?

De nombreuses victimes, qui ont perdu leurs maisons entraînant ainsi une situation d’urgence alimentaire. Des enfants ont perdu la vie parce que la situation était intenable. Des membres de leurs familles et des amis dans des quartiers moins touchés de la capitale étaient obligés d’accueillir ces victimes d’inondations.

Un site pour faciliter leur déplacement a été installé très rapidement grâce aux organismes humanitaires, dans la sortie sud de la ville de N’Djamena. Malgré cela, un besoin urgent de nourriture, eau, hygiène et assainissement, articles non-alimentaires et moyens de subsistance a été manifesté directement.

Des organismes humanitaires tels que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Programme alimentaire mondiale (PAM) ont apporté leur pierre de contribution en apportant de la nourriture aux sinistrés.

Les inondations de 2021

Contrairement aux dégâts causés par les inondations de 2022, quelques provinces seulement ont été touchées. Du mois d’août à septembre 2021, des pluies torrentielles ont touchées plus de 10 provinces sur les 23 que compte le pays. Les provinces les plus touchées ont été celles de la Tandjilé, de Mandoul, de Moyen Chari et du Logone oriental avec une situation extrêmement préoccupante et gravissime.

Quelles conséquences ?

Dans ces provinces touchées, en plus des inondations et des vents violents qui ont causé des dégâts humains et matériels, plusieurs hectares de champ ont été inondés. 

–        Des personnes sont sans abri ;

–        Des personnes décédées ;

–        Des puits effondrés ;

–        Des latrines détruites…

Une maison en chantier sous l’eau. Crédit photo : Moussé Tahir

La ville de N’Djamena sera-t-elle épargnée cette année ?

En tout cas, d’après le constat sur le terrain, l’histoire risque de se répéter avec le même scénario comme chaque saison hivernale ! Les quartiers de la ville de N’Djamena risquent d’être sous les eaux.

D’ailleurs c’est déjà le cas dans certains arrondissements d’où les rues deviennent impraticables juste après deux pluies.

Sacs remplis de sable pour faire face aux eaux. Crédit photo : Moussé Tahir

Chacun a la main sur le cœur et s’interroge de la manière suivante : Que nous réserve le mois d’août de cette année ?

Pour la petite histoire, au Tchad, le mois d’août signifie mois des grosses pluies où le climat est humide avec 176 mm de pluie sur 12 jours (il pleut 40 % des jours du mois) et la température moyenne est de 26.5°C. Durant la nuit, les températures chutent à 23°C et la journée elles peuvent atteindre 31°C.

Que font les autorités communales dans tout ça ?

Chaque année on se retrouve avec les mêmes besoins vitaux, mais aucune réponse adéquate !

Aucune mesure préventive n’a été prise par les autorités pour y faire face.

Chaque année, les mêmes bêtises se répètent. Les autorités attendent que la situation s’aggrave à tous les niveaux puis ils lancent un SOS à l’endroit des ONG humanitaires pour demander une assistance aux sinistrés des inondations. C’est vraiment pathétique !

Une cellule a été mise en place pour soi-disant faire le suivi des chantiers de construction dans des caniveaux et autres dans la ville. C’est une grosse blague !

On ne peut pas engager un chantier pour prévenir les risques d’inondations alors que nous sommes déjà dans la saison de pluie et alors qu’on sait très bien que le phénomène a déjà fait plusieurs victimes les années passées. Non ! Cela révèle d’une incompétence notoire, d’un manque de volonté et de leadership pour aider les populations.

Une digue construite pour stopper l’eau. Crédit photo : Moussé Tahir

Comme solutions

Aucune prévention et aucune gestion des risques ne peut se faire sans un accès à toutes les données nécessaires à l’élaboration des analyses des risques. Il est donc impératif que les acteurs concernés mettent en place un mode de partage efficace des données techniques qu’elles produisent au service de la problématique du risque mais au-delà également, car elles appuient d’autres actions de développement pour la ville de N’Djamena.

Pour réduire les risques d’inondation sur la ville de N’Djamena, il faut nécessairement mettre en place et rendre opérationnel un observatoire du risque, comme plate-forme d’accès et de partage des données techniques relatives à l’étude des risques recensés.

Il faut aussi mettre en place les conventions et autres dispositifs permettant à l’ensemble des acteurs publics et privés et la société civile d’accéder librement et gratuitement à la consultation de ces données ainsi qu’aux cartes thématiques produites par chacun des domaines sectoriels à prendre en compte dans l’aménagement du territoire.

Enfin, il faut diffuser l’information auprès des services publics, des administrations, des aménageurs privés et du public pour faire connaître l’existence de ces données.

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Auteur·e

leblogdemousse

Commentaires

Patalet
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C'est très beau billet qui interpelle les autorités à prendre des précautions idoines pour faire face à cette catastrophe naturelle sans précédente.

Moussé
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Absolument mon chef puisque chaque année les gens souffrent.