Crédit: Moussé Tahir

Au Tchad, un usage malsain des réseaux sociaux conduit à la censure

Ces derniers temps, au pays de Toumaï, les réseaux sociaux sont devenus une incommodité pour la société tchadienne. Pourquoi ? Parce qu’il circule sur les réseaux sociaux beaucoup de messages haineux et racistes mettant à mal la cohésion sociale.

Il y a de cela une semaine, un malheureux incident s’est produit à N’Djaména, au quartier Champ de Fils. Tout à commencer après le meurtre d’un mécanicien par un militaire, suivi par un lynchage collectif par les siens du mécanicien tué. Au moment du lynchage du présumé tueur le Mardi 14 Juillet 2020 dans la soirée, quelques personnes se sont mises à filmer la scène et par la suite partager sur la toile, comme d’habitude. Depuis lors, l’absence d’information officielle de la part des autorités sur cette affaire a laissé la voie libre à la circulation de fausses rumeurs.

Quelques jours après, on apprend l’arrestation de sept présumés auteurs du lynchage. Or entre temps, sur les réseaux sociaux véhiculent des images de cinq personnes ligotées par des militaires, d’un groupe d’hommes frappés par des militaires, d’un homme sectionné de la tête, d’un autre au sexe coupé. Une information qui avait tellement choqué et indigné les tchadiens, mais réfutée par la suite. Une situation qui avait conduit à la fermeture du complexe commercial Champ de fil (le lieu où l’incident s’est produit). Jusqu’à présent, l’on s’interroge sur le mobile exact de la fermeture de ce marché.

La déclaration du procureur de la République démentant la fausse information
Après son point de presse, le procureur de la République, accompagné de journalistes, s’est rendu à la maison d’arrêt pour vérifier la présence physique de présumés auteurs de la bastonnade du colonel afin de tranquilliser la population et éviter une éventuelle vendetta. Ils sont bel et bien vivants d’après les informations de la presse.

« Chers frères et sœurs tchadiens, les réseaux sociaux sont une invention de l’occident, qui n’en fait pas pour autant un usage malsain pour déstabiliser ses États », a déclaré le procureur de la République devant la presse. Il a aussi mis en garde quiconque s’hasardera à ce jeu dangereux consistant à divulguer des informations fausses sur le pays. Mais depuis lors, l’accès à internet devient un problème au Tchad. Dans plusieurs provinces, l’internet se voit coupé, pas d’accès carrément.

La coutume de partager de messages haineux sur la toile
Les internautes tchadiens ne sont pas à leur première fois à partager de contenus violents sur internet. Et à chacune de ses rencontres privés ou publiques, le président Idriss Deby ne cesse de rappeler aux internautes leur part de responsabilité dans cette folie.
Ces interventions, font référence à la culture du communautarisme qui sévit sur les réseaux sociaux au Tchad. A chaque événement qu’ils voient, bon ou pas, les internautes tchadiens ne font que mettre sur la toile sans pour autant penser sur les effets secondaires.​

Pour certains, la censure est la seule solution pour abaisser la situation actuelle et d’éviter la vendetta entre les Tchadiens mais surtout la culture du communautarisme, la haine, fausses informations, rumeurs.

Mais pour d’autres, la censure n’est pas une solution en ce sens qu’elle ne règle absolument rien. L’idéal c’est de mettre en place une justice indépendante pour s’occuper de ces genres de problèmes. Seule la justice pourra mettre un terme à ces agissements incontrôlés.

Les solutions pour un usage responsable des réseaux sociaux au Tchad

Mettre un code régissant l’usage des réseaux sociaux, ouvrir une enquête pour retrouver les auteurs de ces informations fausses. Et en ce moment l’on pourra peut-être avoir un usage responsable des réseaux sociaux. Organiser aussi un cadre d’échange sur l’usage des réseaux sociaux. L’exemple du Café Blog organisé par WenakLabs à N’Djaména, d’où chaque fin de mois, les créateurs de contenus tchadiens se réunissent et discutent sur diverses thématiques.​​

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Auteur·e

leblogdemousse

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